Il n’existe pas de ville vertueuse pour les femmes
Toutes les villes sont faites par les hommes et pour les hommes. Aubervilliers n’échappe pas à la règle. Dans ce contexte, à Aubervilliers, le collectif « Place aux femmes » met tout en œuvre pour rencontrer des femmes et multiplie les actions pour leur donner une place dans la ville : présence dans les cafés, ateliers-débats, cafés éphémères en différents points de la ville, actions festives ponctuelles, échange aux sorties de métro….
Le collectif « Place aux femmes » ne prétend pas résoudre tous les problèmes de la ville. Il a pris comme objectif de rendre les femmes plus visibles dans l’espace public, et en particulier dans les cafés.
Aubervilliers a une très grande diversité culturelle avec des associations très actives, bénéficie d’une grande offre de transport, mais les espaces publics sont peu mixtes. Les femmes ont souvent une double journée de travail : un métier (précaire et peu payé) et un deuxième métier qui est de s’occuper de la maison et de la famille. De nombreux foyers ont un seul chef de famille, la femme, foyers qui sont souvent sous le seuil de pauvreté. C’est pourquoi les femmes traversent rapidement l’espace public, souvent avec des enfants, et n’y restent pas. Elles n’ont pas le temps de prendre du temps pour elles. Les femmes restent dans leurs espaces privés.
La présence très forte des hommes dans l’espace public résulte de ces constatations et des particularités de la population d’Aubervilliers. Cette hyper masculinité se constate dans les rues, les jardins, les places, les stades et …les cafés.
Le collectif a pris conscience de l’originalité de la ville. Depuis 12 ans, grâce à ses actions régulières comme l’occupation régulière de nombreux cafés de la ville et les discussions avec les patrons de ces cafés, il s’est créé un réseau où les femmes devraient se sentir à l’aise au sein de cette ville très dense et active, qui vit jour et nuit. Ces cafés, surtout ceux qui sont labellisés, peuvent être un relais, un havre en cas de difficulté pour les femmes, en particulier. Récemment, les femmes du collectif ont pris des contacts avec les commerces du centre pour qu’ils jouent le même rôle que celui des cafés. À Aubervilliers, les commerces ferment très tard le soir.
Le collectif est devenu aussi depuis quelques années une porte d’entrée pour des femmes qui arrivent, les nouvelles habitantes, qui peuvent y trouver un espace d’échange.
Conclusion : Le collectif « Place aux femmes » ne décide pas la politique de la ville concernant les femmes. C’est la municipalité qui décide de sa propre politique, de ses actions envers les albertivillariennes, de l’organisation des espaces publics (par exemple, manque de pistes cyclables pour se sentir plus en sécurité à vélo, transport que privilégient de plus en plus de femmes, manque d’espaces verts, de lieux de rencontre). Mais le collectif participe activement à la vie sociale et culturelle d’Aubervilliers et continue à prendre sa place dans tous les lieux publics de la ville, pour que les femmes y trouvent aussi leur place.